
Oui, je vends des brins de muguet un 20 mai. Ils sont 100 % bio et proviennent des bosquets de la Vallée du Geer. Ses clochettes, blanches, plus esthétiques et mieux développées que celles du muguet de culture mis sur le marché le 1er mai, ses feuilles splendides offrant, à partir du jaune, une large palette de tons verts, font du muguet sauvage, appelé sceau de Salomon, une jolie plante très délicate. Mais je sais déjà ce que vous allez me dire « Le 1er mai est passé, vous n’en vendrez pas un brin, de votre muguet ! » Et vous aurez raison. C’est dommage. C’est con. Parce qu’il est vraiment beau, mon muguet. Et aussi, parce que pour croître dans le petit bois des hauteurs de Glons, le muguet n’a demandé aucun engrais chimique. Aucun apport supplémentaire quelconque. Sa croissance n’a demandé aucune énergie, comme c’est le cas pour la culture du muguet en serres chauffées. Sa croissance n’a généré aucune pollution. Pour arriver sur mon étal, il n’aura ni été transporté par avion, ni par camion avec, là aussi, la pollution que ces transports supposent. 100 % bio, vous dis-je !
Je vends des brins de muguet que j’ai découverts en me rendant dans un bois à vélo. D’ailleurs, cela m’a fait un bien fou, de faire un peu de sport.
Mais je ne le vendrai pas, ce muguet. Nous sommes un 20 mai. Trop tard. A vingt jours près, je me faisais un de ces pognons ! Tant pis. Il est vrai aussi que, même si le bois n’est pas clôturé, y cueillir des brins de muguet dans bien privé, ce serait tout de même un peu voler… Un peu ? Non, c’est voler tout court ! Même cueillir un brin ? Oui ! Un tout petit ? Oui ! Une clochette ? Oui, c’est voler !
Je m’abstiendrai donc de faire quelque commerce de muguet, surtout qu’il ne m’appartient pas et d’autant qu’après le 1er mai, la fleur n’intéresse plus personne. Et prendre des photos, on peut ? Ben, oui : la nature appartient à tout le monde. En la circonstance, il n’y a pas de droit à l’image. Heureusement, car dans l’autre cas, il me serait tout de même très pénible, moralement, d’être contraint de sortir mon portefeuille pour pouvoir photographier des brins de muguet qui, passé le premier mai, n’intéressent plus personne…
Regor