
Un dossier « Environnement » par Regor.
Il y a quelques mois, le Comité local Geer du contrat de rivière Meuse Aval a présenté les résultats du traitement biologique du cours d’eau qui a débuté en 2004. Ils sont très positifs et encourageants puisque le niveau de la vase a diminué jusqu’à 71 % en certains endroits. Le Geer est plus propre, la vie y revient et les inondations diminuent.
Le Geer traîne depuis plusieurs années une mauvaise réputation. Celle d’une rivière sale et malodorante. Et pourtant de nombreuses personnes travaillent à sa réhabilitation, un job de longue haleine qui est en train de porter ses fruits. Le Contrat de rivière Meuse Aval, avec son Comité local Geer et toutes ses communes partenaires ont lancé une vaste opération de traitement biologique du cours d’eau (en plusieurs phases) via la Société Idrabel.
« Le Geer est sujet à envasement de par sa faible pente et des rejets directs d’eaux usées induisant l’accumulation de matières organiques » explique Sandra Godfroid, coordinatrice du Comité local. « L’objectif est donc de réduire ces matières organiques grâce à l’action de bactéries, en attendant la mise en place des infrastructures d’assainissement (Stations d’épuration). » L’ensemencement en bactéries se fait sur le Geer lui-même mais aussi dans les réseaux d’égouttage non raccordés à une station d’épuration pour limiter l’impact des rejets d’eaux usées sur la rivière ». Et l’amélioration de la qualité de l’eau du Geer est indéniable. « Exemple, en septembre 2015, l’action du tronçon de 5,4 km de Grand-Axhe à Oreye a pris fin » poursuit la coordinatrice. « En moyenne, on a observé une diminution de 56 % des volumes de vases organiques. Les hauteurs de vases ont été réduites de 46 à 71% selon les sites. Et la nuisance olfactive a elle aussi diminué. Pour traiter 51.776 m2 cela a coûté 100.000 euros. » Un investissement moins élevé et moins destructeur que le curage. « Le traitement biologique est quatre fois moins cher que le curage » indique Julien Mols Conseiller en environnement à Oreye et Remicourt. « Et, en plus, cela n’a aucun impact sur l’écosystème. Car le curage fait des dégâts notamment au niveau des berges. Maintenant, il est vrai, le traitement Bio demande plus de patience… » Mais visiblement, cela vaut le coup. « Avec la diminution de la vase, on observe une meilleur oxygénation de l’eau et la diversité de vies revient » Poursuit Julien Mols. « On revoit des macro-invertébrés, qui sont une nourriture pour les poissons. Ceux-ci reviennent également, comme les carpes par exemple. Par ailleurs moins de vase signifie une baisse du niveau d’eau et donc un risque réduit d’inondation. » De quoi réjouir le Président du Contrat de rivière, Vincent Mignolet, qui voit le travail de fond de l’asbl obtenir des résultats probants. « Le rôle du Contrat de rivière est de dynamiser et de fédérer les différents partenaires. Chacun joue son rôle et traite son réseau d’égouttage » Précise le waremmien. « Nous restaurons ainsi l’écosystème du Geer et nous nous réapproprions cette trame bleue. Nous pouvons à nouveau être fiers de notre rivière.»Le Comité local Geer va poursuivre son action avec son armée de bactéries jusqu’à la mise en place des infrastructures d’assainissement qui sont annoncées pour… 2022.
Quels sont les partenaires impliqués ?
En 2004, débutait le projet de traitement biologique du Geer visant la réduction des vases organiques issues des rejets d’eaux usées. Au départ, deux partenaires étaient impliqués. Aujourd’hui, on en compte six ! Les partenaires actifs dans ce projet sont les communes de Hannut, Geer, Waremme et Oreye ainsi que les gestionnaires des cours d’eau ; le Service Technique Provincial de Liège (STP) et le SPW- Direction des cours d’eau non navigables (DCENN).
Et de quelles bactéries s’agit-il exactement ?
La Société Idrabel a mis au point un système par lequel les bactéries sont encapsulées. « Ce sont des micro-organismes mangeurs de pollution », comme l’explique Christian Gennaux responsable commercial de l’entreprise biologique qui poursuit «Seulement, mieux déposer les bactéries au fond de l’eau, nous les avons fixées dans des substrats minéraux. Ainsi encapsulée, la bactérie sporule, dégrade la pollution et s’en nourrit. Lorsqu’elle n’a plus rien à manger, elle disparaît ni vu ni connu… ». Ce micro-organisme porte le nom de « Lysinibacillus sphaericus ».
Du côté du Haut Geer, et à quelques encablures seulement de la Vallée du Geer, onze kilomètres ont ainsi été traités. Nous l’avons dit, coût de l’investissement : 100.000 euros environ. Et aujourd’hui, les résultats sont probants. Une véritable cure de Jouvence pour le Geer.
Néanmoins, un petit bémol tout de même car n’y a-t-il lieu de s’interroger devant les pompages qui ont été autorisés et opérés récemment par les agriculteurs dans le fond de la rivière et la pulvérisation des eaux risquant de contenir des bactéries "Lysinibacillus sphaericus", porteuses elles-mêmes de toxines puissantes, sur les champs de patates destinées à la consommation humaine ? Parce que là, aucune étude n’a encore été menée...
Regor
- La Meuse édition Hesbaye
- Bulletin Meuse Aval
- Le Vif l’express 5/10/2016
- Le Soir 22/10/2014
- Traitement biologique : Idrabel
- http://www.idrabel.com/
- Le site de Meuse Aval
- http://www.meuseaval.be/
- http://www.meuseaval.be/index.php/publications/anciens-articles/item/88-traitement-du-geer-l-ensemencement-du-geer
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3910547/ Une bactérie pour lutter contre la pollution pétrolière
- http://www.20minutes.fr/planete/1462533-20141016-bacterie-eliminer-pollution-petroliere-colombie
- http://faculty.ucr.edu/~walton/bacteria.htm